Le droit (revendiqué) de ne pas avoir une alimentation parfaite



Il y a quelques jours, j’ai reçu une consultante que j’avais vu trois ans auparavant, et alors que nous parlions repas et en-cas, cette personne s’est exclamée : « oh là là ! Qu’est ce que vous avez changé depuis 3 ans ! »

Cette remarque m’a amusée et surprise. Et pourtant, en y réfléchissant bien, je crois que cette personne a parfaitement raison. Il y a trois ans, je sortais de mon école de naturopathie. Sûre de mes connaissances théoriques, j’essayais de rallier tout mon entourage à ma « cause », en prônant les bienfaits de l’alimentation saine, hypotoxique, sans gluten, sans lactose, sans produits animaux… En consultation j’étais bien-sûr plus souple, pas question d’imposer, mais cette rigidité dans mon propre comportement devait se sentir, parce que, je dois l’avouer, certains trouvaient mes conseils trop durs. Ce n’était heureusement pas le cas de la majorité des consultants, mais je crois, avec du recul, que j’ai dû faire fuir quelques personnes, avec des programmes d’hygiène de vie beaucoup trop ambitieux.

Je n’ai pas honte de le dire, cette rigueur presque austère dans l’accompagnement des personnes qui viennent nous voir est un travers que nous, naturopathes, sommes malheureusement nombreux à avoir, surtout lorsque nous débutons. Par désir sans doute de trop vouloir bien faire, nous voulons dispenser notre Savoir (avec un S majuscule), et nous en oublions l’essentiel : le savoir-être. Or nous sommes là pour vous accompagner, pas pour vous prendre en charge, ni non plus pour vous guider, je n’ai pas cette prétention. Nous cheminons à vos côtés, en toute bienveillance, en prenant en compte votre Etre dans sa globalité, ainsi que vos habitudes de vie, votre constitution, vos goûts… Cela nous demande, en tant que praticien, beaucoup de disponibilité et d’humilité, le risque étant, en voulant trop bien faire, de calquer des modèles existants – notre façon à nous de nous nourrir par exemple – sur votre mode de vie.

En trois ans…

Trois années se sont donc écoulées depuis mon installation dans le petit cabinet que je partageais avec des ostéo de Saint-Parres-aux-Tertres. Une éternité j’ai l’impression.

En plus de mes changements de cabinet et de mes changements personnels (nouvelle vie familiale), ma vision de la vie s’est largement ouverte, mes certitudes d’hier ont fait place à des interrogations, et mon alimentation est devenue… beaucoup plus flexible.

D’abord, je me suis mise à remanger des protéines animales. Je n’en suis pas spécialement fière, car d’un point de vue purement éthique je ne suis pas sûre que ce soit le bon choix, mais j’ai écouté mon corps qui en réclamait. J’ai toujours eu du mal à fixer le fer non héminique (fer des végétaux), et plutôt que de prendre des compléments à vie j’ai préféré manger, un peu de viande, de qualité, et en conscience.

Je me suis aussi remise à manger du gluten. Je l’avais soupçonné un temps d’être à l’origine de mes migraines, mais maintenant que je me connais mieux, je sais que je n’ai pas de problème à le digérer. J’en consomme néanmoins avec parcimonie, et je choisis de préférence des pains complets ou de petit épeautre au levain, bio, plutôt que de la baguette blanche raffinée, qui ne m’apporte rien, si ce n’est des crises d’hypoglycémie.

Je consomme un peu de fromage de chèvre et de brebis et très occasionnellement du fromage de vache, que je ne digère pas. Et j’ai complètement supprimé les yaourts, qui ne m’attirent pas du tout.

Je consomme beaucoup de fruits. J’éprouve moins le besoin de consommer des huiles (il y a 5 ans, en début de cursus naturo, je consommais près de 5 cuillère à soupe d’huile de cameline !! Il faut dire que les acides gras avaient eux aussi longtemps disparu de mon alimentation). Et j’aime toujours consommer du chocolat (à 75%), ça n’a pas changé.

Kéfir de fruits, flocons d’avoine, graines de chia, poires, et lait végétal… Un exemple de petit dej parmi d’autres

Rien n’est figé

Si je vous parle de mon alimentation actuelle et de cette évolution, c’est pour vous dire aussi que rien n’est figé. Et que c’est en se connaissant que l’on arrive à savoir ce qui est bon pour soi. Les recettes miracles, les régimes que l’on voit sur Internet s’adressent au plus grand nombre, et non à l’individu que nous sommes. Les conseils autour d’une alimentation saine sont évidemment à suivre… Mais avec discernement !! Le droit de ne pas avoir une alimentation parfaite fait partie de notre mode de vie. Favoriser une alimentation bio, réalisée avec des produits de qualité, faisant la part belle aux fruits légumes bons acides gras etc… Oui bien-sûr. Mais attention à ce que ces recommandations ne deviennent pas non plus des diktats.

Je vais me faire l’avocat du diable. Mais… Les bonbons sont deg… et à éviter chez les enfants. Mais je ne me vois pas dire à la maîtresse que mon fils n’a pas le droit de manger de bonbons aux anniversaires. De même, puis-je interdire à mon Lulu, mon beau-fils, d’aller dans un fast-food avec ses copains ??? On est d’accord je ne cautionne ni cette malbouffe addictive, ni ces chaînes qui s’en mettent plein les poches en proposant une bouffe nivelée par le bas. Mais ai-je le droit de lui refuser le plaisir non pas de manger au fast-food mais d’être avec ses copains ? Personnellement, je pense que non. Evidemment, cela s’accompagne aussi d’une petite sensibilisation sur ce qu’est une bonne alimentation.

Simplicité

Et puis… Entre nous soit dit. On fait aussi ce qu’on peut! Inutile de se mettre dans le rouge lorsque vous terminez de travailler à 19h, que vous n’avez pas encore suivi les devoirs des enfants, et que le dîner n’est pas prêt. Certes une bonne organisation ne devrait jamais nous prendre au dépourvu (heu…). Mais de temps en temps, la vie nous oblige à opter pour du rapide. Si je boycotte les plats cuisinés, une soupe bio toute faite, un plat de pâtes tomate-quinoa, accompagné d’un coulis de tomate et une crème d’avoine et d’un peu de parmesan me sortiront d’affaire. De temps en temps c’est nécessaire. Et toc!

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