L’article qui suit peut paraître à première vue absolument inapproprié de la part de quelqu’un qui a choisi une profession tournée vers le bien-être et l’accompagnement global des autres. Et pourtant, j’ai eu du mal à le comprendre – et la culpabilité est encore là – mais si je veux être pleinement disponible pour vous, pour mes enfants, pour mon chéri, si je ne veux pas envoyer valdinguer le premier qui viendra inévitablement interrompre cet article, je dois penser… A moi.

« Pensez à vous » fait d’ailleurs partie des recommandations que vous entendez lorsque vous venez me voir en consultation. En général, c’est comme enfoncer une porte ouverte. Vous êtes pleinement d’accord. D’ailleurs si vous êtes venue me voir, c’est – entre autre – pour ça. Parce qu’entre votre travail, vos enfants, votre mari, votre sœur ou votre belle-mère, vous n’avez plus une minute à vous et vous sentez bien qu’il est plus que temps d’agir.
Et je vous comprends… Comme je vous comprends !!! Depuis la naissance de mes enfants, le temps file comme jamais il n’a filé. Alors il y a cinq ans, désireuse de me recentrer sur ma famille, je quittais mon boulot salarié pour me lancer dans la naturopathie. Adieu patron, adieu horaires imposés, adieu week-ends travaillés !!! Adieu stress, adieu bouclage tardif, adieu réunion à rallonge !!! Adieu sujets qui ne m’inspirent pas, adieu collègues grincheux, adieu peur de la page blanche !!! J’allais enfin pouvoir organiser ma vie comme je l’entendais. Travailler quand je le voulais. Me lever le matin le cœur léger et guilleret. Avoir le temps de préparer des petits-déjeuners raffinés à mes petits protégés affamés…
Cinq ans, une séparation et une famille recomposée plus tard… Et bien, les choses ne sont pas tout à fait comme je l’avais escompté.
D’abord la vie fait que… La femme que je suis se retrouve souvent seule à la maison pour gérer quatre enfants affamés. Les horaires ne sont pas franchement libres, étant donné que je travaille aussi certains week-ends, certains soirs tard, et… Non, pas avant 9h le matin. Que la pression financière est parfois très inconfortable, et qu’elle m’impose de lever mes peurs et mes blocages et de sortir régulièrement de ma zone de confort. Que malgré ma très bonne volonté, mes chers (beaux)-enfants ne sont pas toujours d’emblée enthousiastes pour ma cuisine saine et gourmande. Que chéri-doux aimerait me voir un peu plus disponible pour lui. Et que Ponette, Lulu, Elo et Bibi aimeraient chacun que je leur consacre un peu de temps seul.

La solution ???
- Ubiquité ?? Non. Je n’ai malheureusement pas ce don.
- Faire la super maman – femme – woman – naturo toujours dispo, souriante, belle et tout… Oui. Enfin j’ai essayé un temps. Les plantes adaptogènes m’ont beaucoup aidé d’ailleurs. Mais il y a forcément un moment où je dis Stoooooooop.
- Migraine ??? Mais oui !!!!!! Rester au lit, toute une journée !!!!!! La voilà la solution !!!! Heu, avec les vomissements en prime, au fond ce n’est peut-être pas une si bonne idée.
- Me cacher dans un placard avec un bon bouquin ??? J’ai pas essayé, mais je pense qu’ « on » finirait de toutes façons par me trouver.
- Dire NON. La voilà la solution !!!! Encore faut-il y arriver.
Dire non pour pouvoir dire oui
S’occuper de soi n’est pas naturel. Cela nécessite un réajustement, une réorganisation où, à un moment donné, « Je vais me faire passer avant les autres ». Est-ce égoïste ??? J’aurais envie de répondre spontanément oui. Parce que je n’ai pas été élevée comme ça. Et parce que je suis conditionnée pour faire passer les autres, mon travail, ma famille, avant mon propre confort. Et pourtant, si l’on veut plus de qualité dans la relation avec l’autre, il faut s’accorder du temps. Tout le monde est d’accord, à commencer par toi, lecteur. Mais quand as-tu pris vraiment du temps pour toi ??? Quand as-tu décidé de faire quelque chose – ou même rien – juste par plaisir. Au détriment d’une tâche ménagère, d’un temps avec les enfants, d’un dossier à terminer, de linge à repasser.

Dans mon emploi du temps, j’ai inscrit le sport. Bon ce n’est pas « rien faire ». Mais « rien faire » n’est pour l’instant pas ce que je recherche, ce n’est pas un besoin ni un désir. J’ai donc inscrit le sport – course surtout, ou salle, piscine, peu importe en fait – 2 à 4 fois par semaine dans mon emploi du temps, pour être sûr d’en faire au moins trois fois. En plus d’être bien dans mon corps, je suis beaucoup mieux dans ma tête. Je suis plus concentrée, plus apaisée, et plus sereine. Je fais aussi du piano. Pas de challenge, pas d’objectifs. Juste le plaisir de jouer comme je peux, de déchiffrer, de ne penser à rien d’autres.
Je ne suis certainement pas un modèle du genre. Mais si je n’ai pas ces moments là, ces moments où je ne suis pas disponible pour mes enfants, pour vous chers lecteurs, pour chéri-doux… Je risque de ne pas être aussi présente le reste du temps. Encore une fois, cela semble aller de soi. Semble.
Mais dans la réalité, je vous assure que les choses ne sont pas aussi simples. Comme si notre valeur était associée à nos actions.
Sans tomber dans la psychologie de comptoir, accordons-nous du temps de temps en temps pour faire le vide en nous. Pour accueillir le silence. Se retrouver soi. Et nous interroger sur ce que l’on désire au plus profond de soi. Un préalable pour ensuite réorganiser notre emploi du temps en fonction de nos priorités. Les autres. Et soi.
C’est aussi ce que nous pouvons travailler en cabinet. Manger mieux, ralentir, vivre en conscience, pour, au final, se sentir mieux et être en meilleure santé.
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